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Omar Hilale, le loup guerrier et le diplomate aguerri

Portrait chinois par Mohamed Aswab


Dans les couloirs du siège des Nations unies à New York, il est réputé pour être “le monstre de la diplomatie marocaine”. Il est redoutable. Sa réputation le précède. 

Ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU (mission qu’il assure depuis le 14 avril 2014), Omar Hilale est aussi craint que respecté! Mais pas que... 

Gentleman, il a l’art de gérer avec égards et habileté les relations diplomatiques avec les partenaires du Royaume dans le concert des Nations. Telle est la vocation d’un diplomate. Et il a -et surtout- la prédisposition à sortir ses griffes contre quiconque oserait nuire au Maroc, à son image, à ses intérêts, à son Sahara... là où il monte la garde, le siège de l’ONU. Le diplomate aguerri et le loup guerrier, Omar Hilale dispose des deux facettes à la fois. 

Une dualité qu’il a su mettre au service de sa patrie, le Maroc, “son ADN, son identité historique, culturelle, sociale et spirituelle”. 

C’est un homme à la large gamme de notes, tel un piano, se baladant sans efforts entre modes, accords et octaves pour exprimer avec précision et tout en finesse ses idées, ses émotions et défendre sa cause. 

À l’intuition aiguisée, il sait en même temps parler le langage de la diplomatie et celui de la guerre. Un équilibre fin entre  l’idéalisme kantien et le réalisme machiavélien. Utopiste, il croit à “La cité idéale” de Platon, “où chaque être humain pourrait vivre en harmonie avec soi-même, son environnement familial, sociétal, politique, écologique et construire un avenir prometteur pour les générations futures”. 

Mieux, il croit en l’amour platonique, lui qui adore Nizar Qabbani, “le poète de la femme, de l’amour et de la romance. Un précurseur de l’égalité du genre et de la glorification de la femme arabe, toujours avec délicatesse et respect”.

Chaleureux, M. Hilale chérit les êtres humains et croit aux valeurs du vivre ensemble. L’été est sa saison préférée, la période “des retrouvailles familiales, des vacances, de la mer et du soleil”. 

S’agissant des langues, il chérit un mode d’expression universel, compréhensible de tous et de toutes: la musique, “une langue expressive et universelle de paix, de concorde et de tolérance. Elle transcende les races et les barrières linguistiques et sociétales, elle traverse les époques et transpose toutes sortes d’émotions”. 

Toutes les “langues” sont bonnes pour parler la paix, la tolérance et l’harmonie. 

Il évoque l’Afrique, son continent d’origine. “Le berceau de l’humanité et le continent de l’avenir pour ses nombreuses richesses humaines, énergétiques et minérales, et ses immenses potentialités économiques et culturelles”, dit-il. Son film préféré est “Arrissala” (“Le Message” de Moustapha Akkad sorti en 1976), une fresque cinématographique qui retrace la naissance de l’Islam. Évoquant la Marche Verte, Omar Hilale y voit “l’incarnation pérenne de la mobilisation intergénérationnelle de tout un peuple, derrière sa Monarchie, pour sa cause sacrée”. Rêveur d’un monde meilleur, oui, mais pas aussi naïf.  

Quand il s’agit de faire taire les mauvaises langues, Omar Hilale n’a jamais la langue dans sa poche. Réaliste, il sait manier l’art de la guerre quand le besoin s’en fait ressentir, conscient du monde de manipulation dans lequel l’humanité évolue. 

La “Diplomacy” d’Henry Kissinger, l’un de ses livres préférés, cède ainsi la place à “l’Art de la Guerre” de Sun Tzu, un de ses livres favoris au même titre que le premier. Reste un troisième, tout aussi admiré par Omar Hilale, “1984”, le plus célèbre roman de George Orwell, un roman qui décrit une Grande-Bretagne trente ans après une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest où s’est instauré un régime de type totalitaire fortement inspiré à la fois du stalinisme et du nazisme… Bref. 

L’autorité, Omar Hilale sait en user pour pousser dans leurs retranchements les ennemis qu’il a la mission de combattre. La liberté d’expression s’arrête là où le verbe oserait dire du mal du Maroc. Défendre les intérêts du Royaume à l’ONU n’est pas qu’une mission pour notre interlocuteur, mais une raison d’être, lui qui est profondément ancrédans son territoire, son histoire, ses racines.w