
Rachid Achaachi, désormais ex-chroniqueur à Luxe Radio (Il vient d'annoncer sa démission) est un gladiateur des temps modernes, un guerrier qui combat dans l'arène des idées. Il croit à la confrontation, seul moyen pour faire triompher le vrai. À chaque bataille, il met ses convictions en jeu, les défend bec et ongles. Jamais il ne refuserait un duel, même face à des adversaires des plus redoutables. Décidé à les désarmer, à grand renfort d’idées, son glaive, et avec un raisonnement solide telle une armure, il se lance corps et âme dans son épopée au prix d'y laisser sa peau. Jusqu’au bout, en quête de justice et de beauté, il avance.
Passionné, sa couleur est le rouge, “qui reflète en quelque sorte mon tempérament rebelle, tranché et intransigeant”, dit-il. Son hymne, c'est “Zahrat Al Madain” de Fairouz, “car cette chanson exprime ce que je tente de vivre intérieurement, à savoir la résistance et la défense d'une cause”.
Il est guidé par ses convictions et une sagesse ancienne.
Disons que Rachid Achachi n'est pas fait pour vivre dans le monde actuel, il honnit la post-modernité. Des villes anciennes, dotées “d’une magie historique” comme Bagdad, Cordoue l’inspirent.
Son univers se veut peuplé d'identités bien définies, claires, non mouvantes. Et lui, il a bien choisi son camp. C'est un Marocain, “pas seulement par pur patriotisme, mais parce que le Maroc est la preuve historique vivante que la Tradition peut survivre et être contemporaine malgré les chocs de la modernité occidentale”. Comme continent, il évoque l'Eurasie, “qui tire sa substance de sa dimension civilisationnelle davantage que géographique”. Et qui “incarne le principal pôle de résistance à l'hégémonie occidentale”. Il refuse ainsi le conditionnement pour regarder le monde sous un angle différent, peut-être, du haut de sa tour. Son instrument de musique: le Ney, “Triste et envoûtant en même temps. Simple, rustique et complexe en même temps”.
Chez lui, le recommencement, tel l'éternel renouveau qu'amène continuellement le printemps, passe par le tragique.
La poésie est son art parce que “l'essentiel de la réalité ne peut être capté par les concepts et les idées”, explique-t-il. La démarche de l'artiste et sculpteur Michel-Ange le conforte dans sa conviction que “la sculpture du réel se fait tout d'abord au niveau de l'esprit et du mental avant de prétendre effleurer la pierre”.
Lui qui n’hésite pas à confronter ses idées à celles des autres, aime la boxe anglaise, parce que la violence la plus directe se soumet aux règles les plus nobles. Rachid Achachi est finalement un combattant aux valeurs chevaleresques, régi par un code d'honneur. C’est de là qu’il tire sa fierté et pour cela qu’il chérit sa liberté. Il s'identifie au personnage du Prince Michkine du roman “L'idiot” de Dostoievski, qui incarne cet amour infini du prochain et de Dieu.
“J'essaye de préserver cet enfant qui continue d'exister à l'intérieur de moi”, conclut-il.