Julius Malema, chef du parti sud-africain de l’Economic Freedom Fighters (EFF/extrême gauche), a encore une fois fait parler de lui. Connu pour ses interventions virulentes et souvent violentes au parlement de son pays, l’enfant terrible de la politique au pays de Nelson Mandela a, cette fois-ci, choisi de donner une dimension continentale à sa réputation de clown maladroit.
Lors d’un débat le 27 mai 2021 au parlement panafricain (PAP) sur l’élection d’un nouveau président de l’institution législative continentale, basée à Midrand, une localité à mi-chemin entre Pretoria et Johannesburg, les deux grandes métropoles du pays arc-en-ciel, Malema a sorti le grand jeu.
Le hooligan du parlement sud-africain n’a pas trouvé mieux que de menacer de mort un député malien pour semer le chaos dans l’hémicycle dans le but d’empêcher l’élection d’une députée du pays de Modibo Keita à la présidence du PAP.
Sentant venir la victoire écrasante de la candidate malienne, Mme Aichata Cissé, fortement soutenue par l’Afrique francophone et l’Afrique du nord, Malema s’est érigé en défenseur du bloc anglophone d’Afrique australe pour saboter le vote.
Encombrant et incontrôlable, Malema qui dirigeait la ligue des jeunes du Congrès national africain (ANC) avant d’aller créer l’EFF en 2012 après son expulsion de cette formation au pouvoir pour insubordination et corruption, a poussé la maladresse à son extrême en lançant en pleine séance que le Mali ne méritait pas de siéger au PAP.
La consternation était palpable dans l’hémicycle du parlement panafricain dont la session se tenait au moment où l’Afrique célébrait le 58è anniversaire de la création de l’Union africaine.
Malema est populiste. C’est une vérité historique. Mais utiliser une institution continentale pour faire passer, avec violence, un message d’exclusion, est un acte condamnable.
Or, au-delà de la condamnation, la sortie fracassante du Sud-Africain vient rappeler l’attitude hautaine d’une Afrique du Sud qui n’arrive pas, semble-t-il, à se libérer de son complexe de supériorité par rapport à ses pairs africains.
Le bilan de ce pays au sein de l’organisation panafricaine depuis son intégration au lendemain de la fin du régime raciste de l’Apartheid est largement négatif.
Des rapports et même des livres ont été consacrés à cette question, passant au peigne fin la place de l’Afrique du Sud au sein des structures panafricaines depuis 1995. Le constat est sans appel.
Une attitude négative, une vision hégémonique et un discours idéologique en déphasage avec les défis actuels du continent sont les maîtres-mots qui reviennent dans l’évaluation de l’apport de l’Afrique du Sud postapartheid à l’édifice africain.
Malema est venu rappeler aux Africains cette réalité amère au sein même du PAP, une institution censée faire l’écho des aspirations des Africains pour l’émergence d’une Afrique libre, intégrée et prospère.w