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Imane Ouaadil, le leadership africain au féminin

Imane Brougi
Imane Ouaadil, ambassadrice de SM le Roi au Ghana ©DR
Imane Ouaadil, ambassadrice de SM le Roi au Ghana ©DR
Même si elle est encore jeune, elle a déjà une longue et riche carrière diplomatique sanctionnée par de nombreuses nominations à de hautes fonctions en Afrique, un terrain de jeu qu’elle connaît et maîtrise par cœur.

Son affectation au Ghana n’est nullement le fruit du hasard. En effet, il s’agit d’une vraie connaisseuse du pays, puisqu’elle a déjà exercé dans l’ambassade du Maroc au Ghana sous plusieurs casquettes, dont conseillère politique et ambassadeur adjoint. En diplomatie, rien ne peut arrêter son ambition d’aller de l’avant.

Cette diplomate expérimentée, mère de trois enfants, a donné l’exemple dans l’engagement, la persévérance et le travail sérieux et acharné, faisant tomber tous les stéréotypes et les barrières autour de l’inestimable contribution qu’apportent les femmes africaines à la société en tant qu’êtres productifs. 

Une leader africaine

Oeuvrant de par son action à renforcer davantage les relations historiques liant le Maroc et le Ghana, notamment à la suite de la visite de SM le Roi Mohammed VI à Accra en février 2017, qui a donné une nouvelle impulsion aux relations bilatérales et à la coopération économique entre les deux pays, Mme Ouaadil a fait de la coopération maroco-africaine son cheval de bataille. 

Dès son affectation, la diplomate a veillé à consolider les voies de collaboration entre le Maroc et le Ghana, deux pays profondément attachés aux valeurs de compréhension mutuelle, de fraternité humaine et de coexistence harmonieuse.

Leader par défaut, ce qui lui a valu une nomination parmi les personnalités les plus influentes d’Afrique. En effet, le magazine nigérian “The New Africa” avait publié une liste de 100 leaders africains pour l’année 2022 sur laquelle figurent huit personnalités marocaines, dont Imane Ouaadil, au côté de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Mohamed Methqal, ambassadeur directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), ainsi que Moha Ou Ali Tagma et Abdelmalek Kettani, respectivement ambassadeurs de SM le Roi au Nigeria et en Côte d’Ivoire...

Le magazine nigérian “The New Africa” avait publié une liste de 100 leaders africains pour l’année 2022 sur laquelle figurent huit personnalités marocaines, dont Imane Ouaadil ©DR
Le magazine nigérian “The New Africa” avait publié une liste de 100 leaders africains pour l’année 2022 sur laquelle figurent huit personnalités marocaines, dont Imane Ouaadil ©DR

 

Une riche carrière diplomatique

Après avoir intégré le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale en 2003, Imane Ouaadil  a occupé de nombreux postes de responsabilité, notamment, Chef de la Division des Privilèges et Immunités Diplomatiques entre 2003 et 2005, puis Conseillère de la Direction de la Diplomatie Publique et des relations avec les Acteurs non Étatiques entre 2005 et 2007.

Elle a travaillé au sein de l’Ambassade du Royaume au Ghana, en qualité de Conseillère Politique, du premier septembre 2007 au 30 août 2009, ensuite elle a été désignée en septembre 2009 Ambassadeur Adjoint à l’Ambassade du Royaume du Maroc au Ghana. De septembre 2010 à octobre 2012, elle a été Chargée d’Affaires ad intérim de l’Ambassade du Maroc au Ghana, avant de revenir à la Centrale au terme de son mandat, et a été désignée le 1er novembre 2012 Chef du Service Traduction des textes et Documents Juridiques à la Direction des Affaires Juridiques et des Traités.

Et ce n’est pas tout. Mme Ouaadil a exercé la fonction d’Ambassadeur Adjoint auprès de l’Ambassade du Royaume du Maroc en Bulgarie et en Macédoine, entre septembre 2014 et août 2016. Ensuite, elle a été Chargée d’Affaires ad intérim à l’Ambassade du Royaume du Maroc en Tunisie de septembre 2016 à novembre 2016. Elle a également été nommée Ambassadeur Adjoint à l’Ambassade du Royaume du Maroc en Tunisie, entre décembre 2016 et décembre 2018. Depuis 2017, elle a occupé le poste de Chef de la Division de l’Afrique Centrale et Australe à la Direction des Affaires Africaines.

                                    

Entretien avec Imane Ouaadil

‘‘Changements en faveur de la femme diplomate’’ 

Adil Chadli

Dans cet entretien à BAB magazine, Imane Ouaadil exprime sa fierté de représenter, en tant qu’ambassadeur, le Royaume du Maroc au Ghana. Elle met en avant également l’apport des femmes ambassadeurs à la diplomatie marocaine et s’attarde sur la coopération Sud-Sud, Maroc-Ghana en exemple. 

Imane Ouaadil, ambassadeur de SM le Roi au Ghana ©MAP/Adnane Jabir
Imane Ouaadil, ambassadrice de SM le Roi au Ghana ©MAP/Adnane Jabir

BAB: En plus de votre poste actuel d’ambassadeur de SM le Roi au Ghana, vous avez occupé auparavant le poste d’ambassadeur adjoint en Bulgarie, en Macédoine et en Tunisie, quel est, d’après vous, l’apport des femmes ambassadeurs à la diplomatie marocaine? 

Imane Ouaadil: J’ai effectivement eu le privilège de travailler en tant qu’ambassadeur adjoint aux côtés de Latifa Akharbach, ambassadeur de SM le Roi, que Dieu L’assiste, en Bulgarie et en Macédoine puis en Tunisie. J’ai appris en côtoyant cette grande dame dans l’exercice de ce métier formidable de diplomate des valeurs essentielles, à savoir l’humilité, la rigueur et l’abnégation.

Les femmes ambassadeurs ont un rôle à jouer dans le mentorat des jeunes femmes cadres, le mentorat étant un moyen concret d’encadrement capable de favoriser le développement personnel et l’intégration des jeunes à travers le transfert des connaissances et d’expériences.

En champ restreint, quel est également l’apport et le rôle des femmes ambassadeurs marocaines en Afrique ? 

Je suis très fière de représenter le Royaume du Maroc, un pays dont l’histoire retient l’exemple de plusieurs grandes figures féminines, dont Fatima al-Fihriya, fondatrice de l’Université Al Quaraouiyine en 859, et Feue Son Altesse Royale Lalla Aicha, qui est devenue la première femme ambassadeur du monde arabe en représentant le Maroc au Royaume-Uni dans les années 1960. Le Maroc est donc un pays pionnier dans lequel l’avancée des droits des femmes a toujours constitué une priorité de SM le Roi Mohammed VI et de Ses ancêtres, et où la Constitution consacre l’égalité homme-femme.

Le Maroc est représenté par des femmes dans certaines des plus grandes capitales dont Berlin, Washington et Madrid. Nous avons une dame ambassadeur au Vatican. C’est dire la place qu’occupe, à juste titre, la femme diplomate actuellement.

En Afrique, nous sommes trois ambassadeurs femmes, avec mes collègues Saadia Alaoui, en Angola, et Nezha Alaoui M’hamdi, en Ethiopie, à représenter dignement et fièrement le Royaume dans ces trois pays des plus importants et influents sur le continent.

Que pensez-vous de la stratégie du Royaume pour renforcer la présence des femmes dans les corps diplomatique et consulaire ?

Conformément aux hautes directives royales, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, avec à sa tête Nasser Bourita, a opéré de grands changements en faveur de la femme diplomate. Les chiffres publiés par le ministère l’an dernier indiquent que de 2017 à 2022, la représentation féminine aussi bien dans le ministère que dans les missions diplomatiques à l’étranger est passée de 39% à 43%. 

En 2022, 21% des ambassadeurs, des consuls et des chargés d’affaires sont des femmes, dont la part ne dépassait pas 13,5% en 2017. Autre chiffre marquant : 41% du personnel des ambassades et des consulats sont des femmes.

Pour consolider la présence des femmes et leur participation active, il serait idoine de les inciter à entrer au ministère pour créer les viviers de demain et, en considérant leurs profils, reconnaître leur juste place par la gestion prévisionnelle des parcours et des compétences.

Dans un autre registre, que pensez-vous de la coopération Sud-Sud, le cas du Maroc-Ghana en exemple ?

Les relations et l’entente cordiale entre le Maroc et le Ghana datent du temps des indépendances en Afrique et la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) lorsque le Maroc de Feu SM Mohammed V a abrité la Conférence de Casablanca à laquelle a pris part le père de la nation ghanéenne Kwame Nkrumah. 

Plus récemment, en février 2017, SM le Roi Mohammed VI a effectué une visite historique au Ghana à la tête d’une importante délégation. Avec le président ghanéen, le Souverain a supervisé la signature de 25 accords de coopération bilatérale. Cette visite importante a donné une forte impulsion aux relations bilatérales qui ne cessent de se densifier et se diversifier. Le Maroc octroie annuellement 90 bourses de formation au Ghana dont 20 dédiées à la formation professionnelle. Ce soutien du Maroc au Ghana a été récemment salué par le président Nana Akufo-Addo dans un discours prononcé le 28 février dernier à l’occasion de la cérémonie annuelle d’échange de vœux avec le corps diplomatique. En octobre dernier, les deux pays ont procédé à l’échange des instruments de ratification de l’accord visant à éviter les doubles impositions et à prévenir l’évasion fiscale. 

Au volet économique, le Groupe immobilier “Addoha” a lancé au Ghana des projets immobiliers, portant notamment sur le logement social et moyen standing.

Pour sa part, Ciments de l’Afrique opère depuis 2016 une usine prospère au port de Tema et emploie des centaines de Ghanéens. L’entreprise a, par ailleurs, procédé récemment à l’extension de cette usine. Le dernier arrivant sur le marché ghanéen est la société marocaine KITEA qui a ouvert en février son premier magasin à Accra.

Quelle est votre analyse de l’action diplomatique du Maroc en Afrique, sous le leadership de Sa Majesté le Roi ?

En reconnaissance du leadership du Royaume en Afrique sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a été élu en 2022 avec plus de deux tiers des voix, pour un mandat de trois ans au Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA. La présence économique du Maroc en Afrique rendue possible grâce aux tournées royales sur le continent et la signature dans leur sillage de plus de mille accords de coopération témoigne également de la volonté royale de voir le continent prospérer grâce à la coopération interafricaine et trouver des solutions africaines aux problèmes du continent.

Le Maroc poursuit également une politique d’octroi de bourses en faveur des pays africains frères et participe pleinement à l’émancipation par l’apprentissage et par le savoir de milliers de jeunes sur le continent.

Outre ses efforts dans le domaine de la dé-radicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent sur le continent à travers la formation des imams, mourchidines et mourchidates des pays africains frères, et la création de la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains dans le but de diffuser les préceptes de l’islam modéré du juste milieu, le Maroc contribue également depuis plusieurs années à la sécurité et la stabilité en Afrique, le Royaume étant l’un des premiers pays à participer aux opérations de maintien de la paix dans le continent africain.