
Mardi 22 mars, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) est sorti pour annoncer un chiffre effrayant, mais surtout inquiétant. Il s’agit de l’inflation qui devrait ressortir à 4,7% en 2022. Plus tard dans la même semaine, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a révélé, dans une note, que cette année a démarré sous le choc d’une hausse accélérée de l’inflation à 3,3% jusqu’à fin février. Mais c’est quoi déjà l’inflation? Et comment s’expliquent ces prévisions?
L’inflation est une augmentation continue et générale du niveau des prix des différents produits que nous consommons (céréales, huiles, légumes, fruits, carburants, …).
C’est un phénomène qui dure dans le temps et qui engendre une perte de la valeur de la monnaie. Autrement dit, il faut dépenser plus pour s’offrir les mêmes quantités de produits.
L’inflation est mesurée, entre autres, par l’indice des prix à la consommation (IPC) qui est calculé au Maroc par le HCP d’une manière mensuelle sur la base d’un panier représentatif de la consommation des ménages.
Comprendre l’inflation, une question fondamentale
C’est l’histoire de Madame X qui, au marché du coin, trouve le poulet à 35 dirhams le kg, une autre cliente de la même classe sociale apparaît et elles conviennent toutes les deux que le prix est intéressant.
Quelques jours après, Mme X retourne au marché et constate une hausse continue du prix du poulet, la même cliente d’autrefois surgit à ce moment pour s’accorder sur le fait qu’elles ne peuvent plus acheter ce produit devenu plus cher.
Les deux dames songent ainsi à réclamer une augmentation de salaire à leur employeurs. Le lendemain, elles le revendiquent auprès de leurs entreprises qui, après une longue négociation, finissent par accepter.
A cause de la hausse des salaires, les employeurs subissent une flambée de leurs coûts de production. Les deux dames, après leurs réclamations salariales, retournent au marché où elles constatent que les prix ont encore flambé et ne peuvent toujours pas acheter ce produit.
Tout simplement, en période d’inflation, les prix des produits que nous achetons augmentent durablement. Mais il y a plein de raisons possibles à cette augmentation, les plus fréquentes sont la rareté des produits (une demande largement supérieure à l’offre), l’envolée des cours des matières premières (pétrole, blé, métaux …), ou encore l’abondance de l’argent dans les poches des gens.
Un phénomène qui complique le quotidien du consommateur
Sujet de conversation principal, la vie est devenue de plus en plus chère. Alimentation, carburant… l’inflation creuse encore un peu plus le budget des ménages dont les charges ne cessent de s’alourdir.
D’ailleurs, le contexte international, marqué notamment par les perturbations des chaînes d’approvisionnement, la hausse spectaculaire des prix du baril de pétrole et les tensions géopolitiques (la guerre en Ukraine) crée un environnement propice à la persistance des tensions inflationnistes, compromettant la croissance économique et la relance post-coronavirus.
Il s’agit d’un cercle vicieux. Alors que l’économie mondiale était presque à l’arrêt à cause de la crise sanitaire de Covid-19, la croissance est aujourd’hui de plus en plus prononcée. Logiquement, cet emballement crée une augmentation de la demande, la production ne suit pas forcément et des pénuries surgissent. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande est à l’origine d’une flambée des prix.
Un des exemples les plus phares est celui des actuelles hausses du prix des carburants et lubrifiants. Elles poussent les automobilistes à circuler le moins possible en voiture par souci d’économie. Omar (29 ans), salarié dans une entreprise privée à Casablanca, n’en revient pas de la hausse brutale des prix des carburants. Plus de 14 dirhams le litre d’essence.
Depuis quelques mois déjà, son chariot mensuel lui coûte beaucoup plus cher. Le prix de ses courses pour la semaine a augmenté de 500 à 700 dirhams.
Ce jeune homme est donc dans l’obligation de trouver des astuces pour maintenir au moins son pouvoir d’achat. “Mes charges ne cessent de grimper, pourtant mon salaire a légèrement augmenté durant ces derniers mois, ce qui empire un peu plus la situation. Il va falloir serrer la vis”, a-t-il affirmé.
Et de préciser: “Je me sers actuellement d’une application pour calculer avec précision les charges et surtout contrôler mes dépenses”.
Avec l’inflation, ce phénomène peu connu chez plusieurs, les prix n’arrêtent pas de flamber au grand dam des populations, s’est-il lamenté.
IPC: flash-back sur l’évolution des 20 dernières années
Au Maroc, l’évolution de l’IPC durant les 20 dernières années montre une tendance relativement modérée de la hausse des prix, d’après une note du HCP.
Cet indice a évolué en dessous de la barre de 2% sauf pour les années 2002, 2006 et 2008 respectivement de 2,8%, 3,3% et 3,9%.
Durant la période 2010-2021, l’évolution des prix à la consommation montre que les indices de la plupart des divisions de produits ont enregistré des variations relativement dispersées les uns des autres.
Les hausses moyennes annuelles les plus marquées ont été constatées au niveau des prix de la division des boissons alcoolisées et tabac de 4% (avec 3,5% en 2021). Les indices des prix de l’enseignement ont connu des hausses moyennes de 3,1% (avec 1,6% en 2021). Le transport, lui, a enregistré au cours de cette période des évolutions moyennes de 1,1% (avec un niveau record de 5,9% en 2021).
Les prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont connu une variation moyenne de 1% (avec un niveau de 0,5% en 2021).
En revanche, les prix de la communication ont continué leur tendance baissière avec une variation moyenne de -3,8% depuis 2010.