
Forte d’une expérience riche et pertinente, d’un sens d’engagement et de dévouement indéfectible et d’une connaissance polyvalente et approfondie des dossiers traités, Mme Zohour Alaoui ne peut que refléter l’image d’une diplomate marocaine chevronnée occupant un poste stratégique, “Ambassadeur”, dans la capitale d’un grand pays développé comme l’Allemagne.
Un parcours riche et enrichissant
Titulaire d’un Master of Arts in Liberal Studies de Georgetown University à Washington D.C en 1992, ainsi que d’une Licence en Droit Public (option Sciences Politiques), de l’Université Mohammed V, Rabat. Mme Alaoui a été recrutée au Ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger en 1987.
Mme Alaoui, qui est mariée et mère de deux enfants, a occupé le poste de Chef de Service de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité de l’ONU, puis de Chef de la Division de l’Organisation des Nations Unies, avant d’être nommée en 2003 Directrice du Département des Nations-Unies et des Organisations internationales au Ministère.
De 2006 à 2011, elle a exercé en tant qu’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de SM le Roi en Suède et Ambassadeur non résident en République de Lettonie. De 2011 à 2019, Mme Alaoui a été Ambassadeur, Représentante Permanente du Royaume du Maroc auprès de l’UNESCO.
Durant ce mandat, elle a été nommée Présidente de la 39ème Conférence Générale de l’UNESCO jusqu’en novembre 2019. Mme Alaoui a été la première femme marocaine, africaine, arabe et musulmane à occuper cette très haute fonction.
Depuis 2019, Mme Alaoui occupe le poste d’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi en République Fédérale d’Allemagne.
Un sens élevé de patriotisme
Mme Alaoui mène actuellement sa mission à Berlin avec un sens aigu de responsabilité et de patriotisme, lui permettant de réussir les différents enjeux rencontrés. Elle fait également montre d’une grande détermination et d’abnégation lors de l’accomplissement de ses fonctions. “Les défis sont là, il faut tout faire pour les relever, indépendamment qu’on soit homme ou femme”, a-t-elle dit.
“Je pense qu’aujourd’hui, grâce à la volonté de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’Assiste, la question du genre n’est plus un défi à surmonter pour accéder au poste d’Ambassadeur. Par contre, le véritable défi qui se pose est celui de la compétence. Pour cette raison, il faudra, d’une part, maximiser le recrutement des femmes compétentes et d’autre part, mettre l’accent sur la formation”, a relevé Mme Alaoui.
Et d’ajouter : “Si ces conditions sont nécessaires, elles ne sont pas, pour autant, suffisantes. Il faut être animé d’un sentiment de patriotisme élevé vis-à-vis de son Roi et de son pays, doublé d’un sens du sacrifice très élevé pour espérer mener honorablement sa mission”.
“Le conseil que je pourrais donner aux femmes est de croire en elles et en leurs capacités. Dans notre métier, il faut avoir un niveau d’exigence très élevé et se nourrir, non pas d’une ambition personnelle mais de celle pour son pays”, a conclu Mme Alaoui.
Entretien avec Zohour Alaoui
‘‘La femme diplomate est déjà une normalité’’
A l’ocassion de la journée internationale de la femme, l’Ambassadeur de SM le Roi en Allemagne, Mme Zohour Alaoui, revient, dans cet entretien accordé à BAB, sur la présence et la représentation de la femme marocaine dans les missions diplomatiques et consulaires à l’étranger.

BAB: Comment trouvez-vous la stratégie du Royaume du Maroc visant à renforcer la présence des femmes dans le corps diplomatique et consulaire ?
Zohour Alaoui: Depuis Son intronisation, Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’Assiste, a érigé l’égalité entre les hommes et les femmes en une priorité majeure. Nul besoin de lister les avancées qui ont été réalisées à ce jour dans ce sens. La diplomatie a naturellement fait partie de ces chantiers.
Aujourd’hui, la diplomatie marocaine se féminise de plus en plus. Et les statistiques parlent d’elles-mêmes. Les femmes constituent désormais 43% des fonctionnaires du ministère.
De 2017 à 2022, la représentation féminine aussi bien dans le ministère que dans les missions diplomatiques à l’étranger est passée de 39% à 43%.
S’agissant des postes de responsabilité, la part des femmes dans les nominations à la tête des Directions du ministère a augmenté de façon considérable, passant de 13% à 22%.
Il en est de même pour les postes d’Ambassadeurs et de Consuls. Aujourd’hui, 21% des Ambassadeurs, des Consuls et des Chargés d’affaires sont des femmes.
Aujourd’hui, à titre d’exemple, en Allemagne, qui est un pays stratégique sur l’échiquier international, l’Ambassadeur est une femme et les deux (02) Consulats Généraux qui existent sont dirigés par deux femmes en tant que Consules Générales. Et le cas de l’Allemagne n’est pas une exception pour ce qui concerne notre diplomatie.
D’après vous, est-ce-que les femmes ont pu aujourd’hui s’imposer comme un acteur fort, y compris au niveau international et dans le cadre des relations internationales ?
De nos jours, de plus en plus de femmes sont à la tête de plusieurs postes stratégiques dans le monde entier. Nous avons des femmes Chefs d’État, des femmes premier-ministres, des ministres, des femmes présidentes de parlements et parlementaires, des PDG de grandes multinationales, ou alors, à la tête d’organisations internationales. Et leurs compétences ne sont plus à démontrer.
La femme se positionne dans tous les domaines et avec brio.

Dans le cadre des relations internationales, trouvez-vous que l’accès des femmes au domaine diplomatique constitue un saut qualitatif pour les femmes africaines en général, et marocaines en particulier?
Il faut rappeler que la première femme marocaine qui a été nommée au poste d’Ambassadeur fut feue la Princesse Lalla Aicha, et c’était en 1963, alors même que peu de pays pouvaient se targuer d’avoir des femmes Ambassadeurs.
Ce saut qualitatif a pu se transformer pour le Maroc en une normalité, grâce à la Vision Royale de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’Assiste, qui a imposé la Femme comme un acteur clé du développement du Royaume du Maroc.
L’accès des femmes au domaine diplomatique constitue, sans nul doute, un saut qualitatif car, au-delà d’une simple représentation, il s’agit d’une reconnaissance actée de leur pleine capacité à pouvoir défendre les intérêts supérieurs de leur pays.
Est-ce-que la réussite des femmes arabes et africaines dans leurs missions diplomatiques constitue un tournant dans le développement des pays arabes comme du continent africain ?
Dans tout pays africain et arabe, il y a des femmes très fortes qui ont rempli leurs missions de façon remarquable.
Je pense qu’il est très important d’avoir et de mettre en avant ces “role models”, et des “success stories” auxquels toute petite fille peut s’identifier et ériger comme exemple à suivre. Le changement s’ancrera ainsi davantage auprès de la génération future dès son plus jeune âge.
La réussite de ces femmes est à même de consolider cette réalité objective, à savoir que le développement de tout pays passe nécessairement par la participation et l’implication des femmes.
Compte tenu de ce qui précède, peut-on parler de la diplomatie féminine comme modèle d’égalité homme-femme, notamment à la lumière des succès remportés par les femmes diplomates dans leurs fonctions ?
Je considère que la question de la parité entre hommes et femmes en matière de représentation politique est le premier indicateur du niveau d’avancée démocratique d’une société.
A ce titre, notre ministère s’emploie et veille activement à implémenter le concept d’égalité des genres et je n’ai nul doute sur le fait que le pourcentage des femmes à la tête de postes de responsabilité augmentera dans le futur tant la démarche de notre Département est volontariste et dynamique à ce sujet.
Mais je tiens quand même à préciser que l’accès aux responsabilités doit reposer, avant tout, sur la compétence.